Source: AP
L'arrêt des livraisons d'armes américaines à l'Ukraine a surpris Kiev, l'Union européenne et même une partie de l'administration Trump. Aucune coordination préalable n'a été engagée, provoquant une vague d'incompréhension et d'inquiétude parmi les partenaires de Washington, déjà fragilisés par des mois de tensions diplomatiques.
La décision des États-Unis de suspendre l'aide militaire à destination de l'Ukraine, annoncée le 1ᵉʳ juillet, a été prise sans consultation ni information préalable des principaux concernés. Selon Politico, ni Volodymyr Zelensky, ni les dirigeants européens n'avaient été avertis. Un conseiller ukrainien a reconnu que Kiev « n'a reçu aucun message officiel sur cette décision » et tentait d'obtenir une conversation téléphonique avec Donald Trump pour clarifier la situation.
Du côté européen, les chancelleries cherchent à comprendre les raisons de cette initiative unilatérale. Des diplomates de l'UE ont confirmé au journal américain qu'ils avaient appris la nouvelle dans la presse. La réaction de l'Europe est d'autant plus vive que certains pays, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, comptaient sur ces livraisons pour compléter leurs propres efforts en faveur de l'Ukraine.
Discorde à Washington, critiques en Ukraine
La mesure n'a pas seulement pris de court les partenaires extérieurs. Au sein même de l'administration américaine, elle a provoqué des tensions. Politico souligne que le Département d'État, des membres du Congrès et même des responsables militaires n'ont pas été consultés. Le député républicain Michael McCaul a déclaré : « Je pense que tout cela a été décidé par le directeur de la politique du Pentagone. Nous n'avons même plus de conseiller à la sécurité nationale efficace. »
En Ukraine, la déception se transforme en ressentiment. Des officiels dénoncent une tentative de Washington d'obtenir des concessions politiques en échange de la reprise des livraisons. D'après The Economist, des responsables ukrainiens estiment que la Maison-Blanche veut « forcer des compromis » sur certaines exigences.
Le député ukrainien Roman Kostenko a affirmé : « Certains cherchent à nous prendre nos ressources naturelles ». Il ne nomme aucun pays, mais ses propos pourraient viser les États-Unis, avec lesquels un accord d'exploitation minière a été signé - un accord dont l'existence est publique, bien que certains volets soient classifiés et non rendus publics.
Réaction russe
La Russie y voit un signal encourageant. « Moins d'armes envoyées à Kiev signifie que la fin de l'opération militaire est plus proche », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Le ministère russe des Affaires étrangères estime que la suspension des livraisons occidentales ouvre la voie à une solution politique.
Alors que l'administration Trump affirme vouloir mettre « l'Amérique en priorité », l'Ukraine, isolée et fragilisée, voit s'éloigner ses espoirs de soutien inconditionnel. L'Europe tente d'organiser une réponse, mais l'absence de coordination accroît les incertitudes pour Kiev.